La syringomyélie du chien est un syndrome provoquant des douleurs et lésions nerveuses, parfois très handicapantes pour le chien, que l’on retrouve fréquemment chez le Cavalier King Charles.
Si certains chiens parviennent à vivre avec cette condition, d’autres en souffriront tellement que leur maître n’aura pas d’autres choix que de demander une euthanasie.
Puisque la syringomyélie du chien est une condition que l’on retrouve préférentiellement chez certaines races, il est essentiel de bien la connaître tant pour éviter d’acquérir un animal prédisposé à la développer que pour une question éthique.
Connaître les maladies héréditaires du chien et leur mode de transmission permet en effet de ne pas encourager les élevages peu scrupuleux pratiquant la reproduction entre des animaux à risque pour une seule question de profit, au détriment du bien-être de leur progéniture et de la santé de leur ligne.
La syringomyélie du chien, c’est quoi ?
La syringomyélie est un syndrome, c’est-à-dire un ensemble de signes cliniques semblant concomitant à diverses malformations de la boîte crânienne et des cervicales du chien.
Même si cette affection est encore nébuleuse, l’élément majeur à retenir est que le cerveau du chien paraît trop gros pour la taille de son crâne, et vient « déborder » par l’orifice spinal, bouchant ainsi le trou de l’os occipital censé permettre au liquide cérébro-spinal de s’écouler.
Le liquide cérébro-spinal va alors s’accumuler, créant des cavités emplies de liquides, les syrinx, au niveau de la moelle épinière.
Ce sont ces syrinx qui, en pressant sur les tissus spinaux et cérébraux du chien, sont à l’origine de détériorations provoquant des symptômes plus ou moins handicapants et douloureux.
Il convient de noter que la syringomyélie est une condition, et non une maladie, et n’est pas systématiquement accompagnée de symptômes. C’est une condition évolutive, qui devient pathologique uniquement lorsque des signes cliniques se manifestent.
De fait, la syringomyélie peut rester silencieuse tout au long de la vie du chien, comme l’handicaper fortement dès les premiers mois de son existence.
Causes de la syringomyélie du chien
Les mécanismes de la syringomyélie du chien ne sont pas parfaitement élucidés à l’heure actuelle, et il est encore compliqué de déterminer à quoi est due cette condition.
On suppose toutefois que différentes malformations de la boîte crânienne et des premières cervicales pourraient être en cause.
Mécanismes de la syringomyélie du chien
La maladie de Chiari, notamment, a longtemps été suspectée d’être en cause dans l’apparition de la syringomyélie – et l’est toujours actuellement.
Cette affection consiste en une hypoplasie (sous-développement) de l’os occipital (os formant l’arrière du crâne), qui vient comprimer le cervelet, une partie du cerveau assurant un rôle essentiel dans la motricité.
Ainsi comprimé, le cervelet viendrait s’engager dans le foramen magnum, trou de l’os occipital situé à la base du crâne qui fait office de jonction entre le cerveau et la moelle épinière, empêchant le liquide cérébro-spinal, substance perpétuellement produite par le cerveau, de s’écouler.
Le liquide cérébrospinal va alors s’accumuler et, sous l’action des vibrations causées par les battements cardiaques du chien, former une cavité anormale dans la moelle épinière nommée syrinx, laquelle presse les tissus alentour, causant le syndrome de la syringomyélie.
Depuis quelques années, la science se penche également du côté de deux autres affections qui pourraient être impliquées dans l’apparition de cette cavité anormale à l’origine de la syringomyélie du chien.
Une malformation des bandes dorsales atlanto-axiales, ligaments reliant les deux premières cervicales, pourrait, elle aussi, comprimer la moelle épinière et entraver la circulation du liquide cérébro-spinal.
Un pincement atlanto-occipital, survenant lorsque les deux premières vertèbres cervicales sont anormalement proches de l’os occipital, pourrait aussi être en cause dans la mauvaise circulation de ladite substance.
Mode de transmission de la syringomyélie du chien
L’analyse de l’héritabilité et du caractère génétique de la syringomyélie du chien n’offre pas encore de réponse tout à fait définitive quant à son mode de transmission.
Il semblerait toutefois que 37 % des syringomyélies soient héréditaires, et que ce chiffre monte à 81 % dans le cas des syringomyélies symptomatiques.
De fait, certaines races de chiens sont particulièrement prédisposées au développement de la syringomyélie, et c’est notamment le cas du Cavalier King Charles, largement surreprésenté.
Les animaux de tout âge peuvent être atteints de syringomyélie, mais près de la moitié d’entre eux en développent les premiers symptômes au cours de leur première année de vie. (1)
Symptômes de la syringomyélie du chien
Le signe le plus fréquemment observé en cas de syringomyélie du chien est l’expression de signes de douleurs cervicales, qui poussent le chien à se gratter ou se lécher au niveau des épaules ou dans le vide, en direction de la base de son crâne.
Même si le chien est incapable de parler pour décrire les sensations qu’il ressent, on suppose que la douleur occasionnée par la syringomyélie est semblable à une brûlure ou à des picotements, typiques des lésions nerveuses.
Quand les lésions sont importantes, le chien peut également présenter un torticolis ou une déformation visible des cervicales.
Les lésions nerveuses occasionnées par la syringomyélie peuvent provoquer des troubles neurologiques, et notamment des difficultés motrices. Le chien a typiquement du mal à coordonner ses postérieurs et a tendance à glisser des membres antérieurs.
Traitement et pronostic de la syringomyélie du chien
À l’heure actuelle, le traitement le plus souvent mis en œuvre est palliatif et consiste à donner au chien des antidouleurs ciblant spécifiquement les lésions nerveuses, comme la Gabapentine, afin de diminuer les sensations de douleurs provoquées par les lésions spinales.
Des traitements médicamenteux permettant de diminuer la production de liquide cérébro-spinal, qui n’est plus à même de s’écouler, peuvent aussi être prescrits.
Le pronostic du chien est toujours incertain : certains toutous voient leur qualité de vie s’améliorer grandement avec le traitement et peuvent poursuivre leur vie comme si de rien n’était, atteignant une longévité normale.
D’autres chiens répondent mal au traitement, et continuent à souffrir au quotidien, ce qui peut pousser le maître à demander une euthanasie.
Les chirurgies vétérinaires peuvent parfois être envisagées, mais sont fort peu pratiquées en France. Par ailleurs, ces interventions en sont encore au stade expérimental, il n’existe pas encore de protocole de référence offrant des résultats satisfaisants.
Différentes options peuvent être envisagées en fonction de l’habileté du vétérinaire, du coût de l’intervention et de la nature des lésions observées.
L’élargissement du foramen magnum et la pose d’une dérivation pour faciliter l’écoulement du liquide cérébro-spinal sont les interventions privilégiées. (2,3)
Questions fréquemment posées sur la syringomyélie du chien
La syringomyélie du chien est souvent détectée à travers l’observation de troubles nerveux (troubles de la motricité, boiterie inexpliquée, etc.) ou de signes de douleur survenant sans raison apparente.
Un chien atteint de syringomyélie a notamment tendance à se gratter ou se lécher au niveau des épaules ou dans le vide, en direction de sa nuque.
Il peut aussi avoir des difficultés à se déplacer ou souffrir dans une position particulière, par exemple quand il s’assoit ou se couche, auquel cas il peut adopter des postures inhabituelles pour tenter d’éviter de ressentir de la douleur.
Certains chiens vivent tout à fait normalement avec leur syringomyélie et atteignent une longévité normale.
Cependant, d’autres toutous, généralement ceux qui présentent des signes cliniques avant l’âge de quatre ans et dont la syrinx est très étendue, peuvent être lourdement handicapés et souffrir fortement toute leur vie, ce qui peut justifier leur euthanasie.
Dans les faits, il n’y a pas de standards concernant l’espérance de vie d’un chien atteint de syringomyélie. Tout dépend de l’étendue de ses lésions et de sa réponse aux traitements proposés.
À l’heure actuelle, la syringomyélie du chien ne peut pas être soignée définitivement, mais certains traitements médicamenteux proposent une prise en charge de la douleur satisfaisante qui permet au chien d’atteindre une longévité normale dans de bonnes conditions de vie.
Des traitements chirurgicaux sont décrits (sans qu’il n’existe de référence en la matière), mais sont très peu pratiqués en France.
Oui, certains chiens vivent toute leur vie avec une syringomyélie sans présenter de symptômes, ou en bénéficiant d’un traitement qui permet de contrôler de manière satisfaisante les signes cliniques relatifs à leur maladie.
Ce n’est malheureusement pas le cas de tous les animaux, et certains toutous souffrent parfois tellement que leurs maîtres n’ont pas beaucoup d’autre choix que de demander une euthanasie.
La syringomyélie du chien est une maladie sérieuse et mal élucidée, qui ne bénéficie malheureusement pas encore d’une prise en charge satisfaisante.
Le club canin de la race des Cavaliers King Charles cherche depuis longtemps déjà à se rapprocher des vétérinaires pour mettre en œuvre un protocole de dépistage et de traitement de référence, mais il semblerait que la médecine vétérinaire n’ait, pour l’heure, pas de solution convaincante à offrir.
Aujourd’hui, la meilleure façon d’éviter de voir votre animal souffrir, parfois durablement, et donc de l’adopter auprès d’un éleveur sérieux qui pourra vous assurer de la bonne santé de ses parents, afin de réduire les risques de le voir développer cette pathologie supposément héréditaire.
Il vous reste des questions sur la syringomyélie, cette maladie qui touche particulièrement les Cavaliers King Charles ? Posez-les-nous en commentaire de cet article !