L’hypocalcémie du chien survient lorsque son taux de calcium dans le sang est trop faible.
Plus qu’une simple carence alimentaire, l’hypocalcémie peut être le signe d’une maladie grave et avoir des conséquences délétères sur la santé de nos compagnons à quatre pattes.
Puisqu’elle ne cause pas toujours de symptômes, l’hypocalcémie du chien est souvent découverte fortuitement au cours d’un bilan de santé chez le vétérinaire.
Des examens supplémentaires sont alors souvent indispensables pour déterminer si l’origine du problème est pathologique ou provient de déséquilibres alimentaires.
L’hypocalcémie du chien, c’est quoi ?
L’hypocalcémie du chien est un déficit en calcium, c’est-à-dire que l’organisme de l’animal contient moins de calcium que ce dont il aurait besoin pour fonctionner correctement.
Le calcium est un minéral essentiellement impliqué dans la formation des os et des dents, mais également d’une importance cruciale en physiologie cellulaire. Il s’agit d’un élément vital, sans lequel le chien ne peut survivre.
De fait, le calcium est, de très loin, le minéral le plus présent dans l’organisme du chien. Il est presque totalement stocké dans les os du chien (environ 99%), mais circule également dans le sang.
Près de 40 % du calcium qui circule dans le sang du chien est fixé à des protéines, et plus particulièrement à l’albumine.
Si le grand public connaît bien le rôle du calcium dans la formation et la santé des os et des dents, l’action essentielle de ce minéral sur les autres cellules de l’organisme, et notamment dans les échanges cellulaires,est plus confidentielle.
De fait, le calcium a aussi la casquette d’électrolyte, c’est-à-dire, pour faire court, de conducteur de l’information. Certains éléments calciques sont ionisés, chargés en ions qui se dissolvent dans le sang et produisent des impulsions électriques permettant d’envoyer des messages.
Aussi, c’est un élément qui participe aux fonctions neuromusculaires en impactant le maintien de la pression sanguine et le mécanisme de contraction musculaire, y compris celle du myocarde (muscle du cœur).
Enfin, le calcium intervient dans certains procédés enzymatiques et permet de moduler le pH de l’organisme, notamment en neutralisant les milieux trop acides.
Aussi, la calcémie, c’est-à-dire le taux de calcium dans le sang, est extrêmement régulée par l’organisme pour éviter les variations, qui peuvent être rapidement fatales.
La calcémie est régulée par deux hormones majeures : la parathormone et la calcitonine. L’équilibre calcique, qui correspond à une calcémie normale, est déterminé à la fois en fonction des apports calciques et de leur absorption, et des pertes calciques.
En cas d’hypocalcémie, le corps va tenter de corriger le déficit en calcium en puisant dans ses ressources, à savoir les os et les dents, aux dépens de la santé du squelette.
Ce type de mécanisme, par exemple, entraîne des pertes, qui doivent être compensées par des apports supplémentaires, ou par une meilleure absorption des apports actuels.
Causes de l’hypocalcémie du chien
Les causes de l’hypocalcémie chez le chien sont extrêmement variées, et on les associe essentiellement à trois phénomènes : un déficit au niveau des apports, des troubles de l’absorption et de la métabolisation, ou des pertes excessives.
Notons que l’hypocalcémie est fréquemment un trouble multifactoriel, c’est-à-dire provoqué par plusieurs problèmes corrélés.
Hypocalcémie du chien et mal absorption intestinale
L’hypocalcémie du chien est fréquemment associée à une mauvaise absorption intestinale du calcium et/ou de la vitamine D.
La vitamine D est essentielle à l’absorption du calcium au niveau intestinal, à sa réabsorption au niveau des reins et à sa fixation sur les os.
Un déficit en vitamine D entraîne donc fatalement un déficit en calcium, bien que celui-ci soit généralement compensé par l’organisme, au détriment de la santé des os.
Contrairement aux humains, les chiens ne peuvent synthétiser la vitamine D à partir de la lumière du soleil et doivent l’assimiler dans leur alimentation.
Presque tous les aliments canins industriels sont correctement dosés en vitamine D, même les plus bas de gamme.
Une carence en vitamine D est donc rarement causée par un régime déséquilibré – sauf en cas de réelle malnutrition, mais est plus souvent provoquée par des troubles intestinaux qui compromettent la perméabilité intestinale et empêchent les nutriments de passer dans l’organisme.
Les MICI (maladies inflammatoires chroniques de l’intestin), intolérances et allergies alimentaires, gastro-entérites virales ou bactériennes, parasitoses (vers intestinaux) ou néoplasie (tumeurs) du tube digestif sont autant de causes possibles. (1)
Hypocalcémie du chien et insuffisance rénale ou hépatique
Les reins et le foie jouent un rôle conséquent sur la métabolisation et l’absorption du calcium chez le chien, et une insuffisance rénale ou hépatique est à même d’engendrer une hypocalcémie.
L’hypocalcémie est fréquemment associée – dans plus de la moitié des cas – à une hypoalbuminémie, un déficit en albumine, une protéine essentielle au fonctionnement de l’organisme du chien sur laquelle se fixe le calcium.
L’albumine est synthétisée par le foie, et tout dysfonctionnement de ce dernier (insuffisance hépatique) peut provoquer une chute de l’albuminémie du chien, fatalement suivie d’une chute de la calcémie.
L’insuffisance rénale, elle, tend à se compliquer d’une hypoparathyroïdie, baisse de production de la parathormone, hormone régulant le taux de calcium dans le sang. (2)
Hypocalcémie du chien et calculs rénaux
D’autres troubles du système rénal, nommés les tubulopathies, peuvent troubler l’excrétion du calcium par les reins, donnant lieu à des pertes augmentées.
Dans ce cas, le calcium n’est pas réabsorbé correctement par les reins comme il le devrait, mais est précipité pour former de petits cailloux, aussi nommé calculs.
Outre la problématique des calculs urinaires et rénaux qui peuvent endommager la fonction rénale, ce phénomène engendre une baisse du taux de calcium dans le sang, puisque ce dernier est éliminé de l’organisme alors qu’il devrait y rester.
Hypocalcémie du chien et pertes anormales de calcium
Différents phénomènes peuvent provoquer une fuite ou une surconsommation de calcium par l’organisme se soldant par une hypocalcémie.
L’éclampsie, ou tétanie puerpérale, est une hypocalcémie brutale qui survient chez la chienne allaitante utilisant trop du calcium de son organisme pendant l’ossification des fœtus et la production de lait.
Souvent mortelle, elle survient généralement dans le mois suivant la mise bas, même si elle peut également se déclencher à partir de la fin de la gestation.
Certains chiens sont prédisposés à l’éclampsie, notamment les petites races. La mise bas d’une portée nombreuse est, en outre, un facteur de risque supplémentaire. (3)
Les pancréatites aiguës, tout comme la prise de certains médicaments ou l’absorption de toxines, et notamment d’éthylène glycol (antigel), peuvent également provoquer une soudaine hypocalcémie.
En cas de pancréatite aiguë, le chien peut souffrir d’une acidose, c’est-à-dire d’une acidification soudaine de son organisme. Ce dernier est alors obligé d’utiliser du calcium pour neutraliser son pH – un procédé absolument vital.
L’excès de sodium, qui survient quand le chien mange trop de sel, peut également causer des fuites de calcium très importantes.
Symptômes de l’hypocalcémie du chien
Dans la plupart des cas, l’hypocalcémie du chien est uniquement biochimique. Entendez par là qu’elle est visible dans les analyses sanguines de l’animal, mais ne provoque aucun symptôme.
On peut mettre cette anomalie sur le compte de la chimie individuelle de l’organisme de chaque chien. En effet, tous les toutous ne sont pas toujours dans les normes, sans que l’on ne sache réellement pourquoi.
Enfin, il est également possible que l’hypocalcémie mineure ne cause pas de dégâts visibles sur l’organisme, et se contente de le fragiliser sur le long terme.
La gravité des symptômes observés dépend hautement de la rapidité avec laquelle l’hypocalcémie s’est installée, de sa sévérité et de sa durée. En général, seules les hypocalcémies marquées provoquent des symptômes.
En cas d’hypocalcémie sévère, qui provoque une crise aiguë comme lors d’une éclampsie, d’un empoisonnement ou d’une pancréatite, on observe une agitation accrue, qui se complique rapidement de spasmes musculaires, tétanie et convulsions.
Des défaillances du système cardiovasculaire peuvent ensuite survenir, principalement dues à une hypotension et une diminution des contractions du myocarde. Lorsque le chien n’est pas traité de toute urgence, il encourt un danger mortel.
En cas d’hypocalcémie chronique, que l’on retrouve notamment chez les animaux souffrants d’hypoparathyroïdie consécutive à une insuffisance rénale, ou d’hypoalbuminémie consécutive à une insuffisance hépatique, les symptômes sont essentiellement neuromusculaires et nerveux.
L’animal peut souffrir de crises de convulsions, de tremblements, de crampes musculaires, de tétanie (paralysie temporaire) et de troubles du comportement.
Le chien a tendance à adopter une démarche raide, et peut se montrer anormalement agité, énervé, agressif, hypersensible aux stimulations de son environnement, voire même désorienté.
Enfin, une fièvre, une anorexie, des douleurs abdominales, une ataxie, une faiblesse musculaire, une cataracte, un pouls lent, des démangeaisons faciales et des troubles digestifs (diarrhées et vomissements) sont également fréquemment observés chez le chien en hypocalcémie.
Traitement et pronostic de l’hypocalcémie du chien
Dans la plupart des cas, l’hypocalcémie du chien ne nécessite pas de traitement, car elle est asymptomatique. Toutefois une prise en charge est indispensable en cas de crises aiguës ou d’hypocalcémie chronique provoquant des symptômes.
Lorsqu’une hypocalcémie asymptomatique est détectée, il convient d’en rechercher la cause (maladies digestives, insuffisance rénale, tumeurs intestinales, troubles hormonaux, etc.), et c’est celle-ci qui fera l’objet d’une prise en charge.
L’hypocalcémie aiguë, elle, représente une urgence vétérinaire vraie. Le pronostic vital du chien est engagé, et le traitement consiste alors à lui administrer du calcium supplémentaire pour combler rapidement le déficit.
Le chien doit généralement rester hospitalisé sous surveillance pour s’assurer que ses symptômes neuromusculaires disparaissent après une première injection de calcium – sans quoi une nouvelle injection est nécessaire – ainsi que pour contrôler d’éventuelles complications cardiaques.
Un traitement à base de diazépam peut également être mis en œuvre en cas de crises tétaniques. Chez les chiennes atteintes d’éclampsie, la lactation est souvent supprimée – les chiots devront être nourris au lait artificiel – et une complémentation en vitamine D et en calcium sur le long terme est mise en œuvre.
Questions fréquemment posées par les maîtres sur l’hypocalcémie du chien
Dans la plupart des cas, l’hypocalcémie du chien est asymptomatique et est découverte par hasard lors d’une prise de sang chez le vétérinaire.
Toutefois, l’apparition brutale de troubles du comportement (agitation, agressivité, hypersensibilité, désorientation…) ou de symptômes neuromusculaires (tremblements, convulsions, crampes, tétanie…) peut traduire une hypocalcémie aiguë.
Dans ce cas, il s’agit d’une urgence vétérinaire vitale.
L’hypocalcémie du chien est un trouble multifactoriel, presque systématiquement secondaire à un autre problème. Si une crise aiguë peut généralement être soignée quand elle est prise en charge toute urgence, une hypocalcémie chronique présente un pronostic plus réservé.
Cette dernière peut, en effet, être due à une insuffisance rénale ou hépatique, à une tumeur ou à une maladie chronique de l’intestin.
Dans ce cas, les jours du chien ne sont pas nécessairement en danger à court ou moyen termes, mais il aura souvent besoin d’un traitement à vie et sa longévité peut en être raccourcie.
Si votre chien souffre d’une légère hypocalcémie uniquement biochimique, c’est-à-dire visible dans ses analyses de sang, mais qui ne provoque aucun symptôme, il n’est généralement pas en danger.
Il arrive en effet que certains toutous ne soient pas tout à fait dans les normes, sans que l’on ne sache vraiment pourquoi.
L’hypocalcémie du chien devient dangereuse dès que l’on observe des symptômes, qu’ils soient comportementaux (agitation, agressivité, hypersensibilité, etc.), neuromusculaires (convulsions, tremblements, tétanie, etc.) ou cardiaques (pouls ralenti, fatigue anormale, etc.).
Non, il est fortement déconseillé de donner du calcium à votre animal pour prévenir l’hypocalcémie sans l’aval explicite de votre vétérinaire.
En effet, l’hypocalcémie ne résulte quasiment jamais d’un déficit d’apport en calcium, mais de fuites excessives ou de troubles de la métabolisation et/ou de l’absorption de ce dernier. Vous n’avez donc pas de raison de craindre que votre chien manque de calcium dans son alimentation.
En donnant à votre chien du calcium supplémentaire, vous risquez de provoquer une hypercalcémie, l’inverse de l’hypocalcémie, qui peut causer des troubles tout aussi graves.
Il peut être conseillé de donner du calcium et de la vitamine D en supplément à une chienne allaitante, mais pas gestante.
Pour éviter toute erreur qui mettrait en danger la vie de votre chienne et de ses chiots, il est hautement recommandé de vous adresser à un vétérinaire pour déterminer si elle a besoin de calcium supplémentaire et, le cas échéant, quand et dans quelles quantités.
L’hypocalcémie sévère peut avoir de graves répercussions sur la santé de votre chien, mais, fort heureusement, elle demeure généralement très légère et ne provoque aucun symptôme.
Pour éviter toute complication cardiaque ou neuromusculaire, il est important de prêter une attention particulière à la santé de votre chien.
Une alimentation saine réduira les risques de troubles intestinaux compromettant l’absorption du calcium, et une bonne hygiène de vie peut prévenir certaines maladies métaboliques pouvant nuire à sa métabolisation.
Votre chien souffre d’une hypocalcémie chronique ? Partagez votre expérience ou posez-nous vos questions en commentaire de cet article !