La boiterie chez un chien n’est pas toujours grave, mais elle peut pourtant laisser craindre le pire à un maître soucieux de la santé de son compagnon.
Discrète ou marquée, la boiterie chez le chien peut être le symptôme de nombreux troubles qui, même bénins, ne sont jamais anodins.
Voici quelques indications sur les différents problèmes pouvant conduire votre toutou à boiter et les solutions à mettre en œuvre.
Qu’est-ce que la boiterie du chien ?
Une boiterie, chez le chien et tous les autres animaux, se caractérise par une démarche saccadée, inhabituelle, qui traduit une difficulté à se déplacer.
Il existe différentes sortes de boiteries, certaines modérées et d’autres plus sévères, qui ne se manifestent pas de la même manière.
En cas de boiterie modérée, le chien utilise encore ses quatre pattes pour marcher, mais tente de s’appuyer le moins possible sur la ou les pattes qui le font souffrir.
Dans les cas de boiteries sévères, l’animal peut être contraint de se déplacer sur trois pattes, évitant à tout prix de solliciter le membre qui le fait souffrir.
Il faut en effet noter que la boiterie est une posture dite « antalgique », c’est-à-dire qu’un chien boite pour éviter ou amoindrir la douleur qu’il ressent en marchant.
Aussi, un chien peut boiter sans avoir de blessures ou de problèmes directement liés à sa patte : une boiterie peut révéler un problème de dos, de lombaires ou d’épaule.
Enfin, il est possible que les boiteries, particulièrement lorsqu’elles sont modérées, ne surviennent qu’à certains moments.
En fonction de l’intensité de la douleur ressentie par votre animal, il peut ne boiter qu’au trot ou galop, ou bien seulement sur sol souple ou, a contrario, dur.
Comment déceler une boiterie chez le chien ?
Sur les animaux à quatre pattes, une boiterie n’est pas toujours simple à observer, notamment quand elle concerne les membres postérieurs.
Concernant les membres antérieurs, on observe très souvent un basculement de la tête qui accompagne et amplifie le mouvement de boiterie.
Un chien qui boite de l’antérieur droit va avoir tendance à relever exagérément la tête lorsqu’il pose ce membre au sol afin d’y mettre le moins de poids possible.
À l’inverse, il va baisser fortement la tête en appuyant sur son membre sain (le gauche) pour y mettre tout son poids et soulager la patte atteinte.
Pour les membres postérieurs, c’est une autre histoire : une boiterie modérée est presque invisible chez les quadrupèdes.
On dit d’ailleurs, dans le milieu équestre qu’une boiterie avant se voit, mais qu’une boiterie arrière s’entend.
Si votre toutou semble avoir quelques difficultés à se déplacer, paraît moins en forme qu’habituellement ou a eu un accident que vous pensez susceptible d’avoir causé une boiterie, faites-le marcher sur un sol « sonore », comme du carrelage ou du parquet, et écoutez attentivement.
Le pas et le trot du chien sont des allures symétriques, vous devez donc entendre chaque bruit de pas se succéder à un rythme parfaitement régulier.
Pour le pas, il s’agit d’une allure à quatre temps durant laquelle votre chien avance ses pattes l’une après l’autre, c’est l’allure idéale pour déceler une boiterie.
Vous devez donc entendre les bruits des quatre pattes de votre toutou à intervalle régulier si celui-ci ne boite pas.
Si vous percevez un temps plus espacé ou plus rapproché entre deux sons, c’est que votre chien boite : il ne vous reste plus qu’à bien écouter et observer votre animal pour trouver le membre douloureux.
La patte atteinte est posée plus brièvement au sol, et les membres sains, utilisés pour compenser, plus longuement.
Pourquoi mon chien boite ?
Il y a de multiples causes pouvant entrainer une boiterie chez votre animal, mais vous pouvez d’office en écarter certaines en examinant soigneusement sa ou ses pattes concernées.
Les boiteries du chien causées par des blessures
Griffes et coussinets
Observez minutieusement les griffes et les coussinets de votre toutou à la recherche de traumatismes visibles.
Votre toutou a pu marcher sur un objet coupant, tel qu’une pierre aiguisée (ardoise ou granit, par exemple), un morceau de verre ou un clou.
Ses griffes sont peut-être trop longues et peuvent l’avoir blessé ou s’être infectées : parfois, ce type de blessure est difficile à voir, n’hésitez donc pas à presser tout doucement chaque orteil de votre toutou pour voir s’il émet un signe de douleur.
Tendons et muscles
Si les extrémités des pattes de votre animal vous semblent en bon état, remontez doucement le long de ses membres avec votre main.
Un trouble tendineux ou musculaire peut chauffer ou enfler, comparez donc la température et la forme de la patte atteinte avec une patte saine.
Essayez de détecter une bosse inhabituelle ou un point plus chaud, notamment vers l’arrière de la patte de votre chien.
Il est aussi possible de faire marcher (uniquement si la boiterie est légère) votre chien sur un sol souple pour voir si cela semble accentuer la boiterie : si c’est le cas, il y a des chances pour que l’origine du problème soit tendineuse.
Os et articulations
Tout comme les affections tendineuses ou musculaires, les troubles osseux et articulaires peuvent être décelés en palpant les membres de votre toutou et en comparant la température et la forme des pattes atteintes avec celles saines.
Une articulation douloureuse, une luxation ou une fracture occasionnent souvent un gonflement du membre blessé.
Si vous observez un gonflement ou une fracture visibles, n‘insistez pas et ne touchez plus la blessure de votre animal au risque d’aggraver son cas. Emmenez-le plutôt rapidement chez votre vétérinaire.
Si vous ne constatez rien de visible et que la boiterie est modérée, essayez de plier doucement les articulations de votre animal et de lui faire faire quelques mouvements en restant bien attentif à tous les signes de douleurs qu’il pourrait manifester.
Au contraire des affections tendineuses, ce sont les sols durs qui accentuent les boiteries d’ordre articulaires.
Vous pouvez donc observer votre animal évoluer sur du bitume pour affiner votre diagnostic.
Dos, hanches et épaules
Si vous ne décelez aucune anomalie au niveau des pattes de votre toutou, remontez plus haut et examinez ses épaules, sa colonne vertébrale et son bassin.
Votre chien a peut-être une vertèbre coincée ou déplacée, ou une hanche ou une épaule luxée ou fracturée.
Il peut aussi s’agir d’une tendinite au niveau de l’épaule, ou d’un problème non traumatique comme la dysplasie de la hanche.
Inutile, en revanche, de rechercher une facture ou luxation de la clavicule chez votre compagnon : les chiens n’en possèdent pas, à part, chez certains spécimens, un petit rudiment qui fait corps avec l’omoplate.
Les boiteries du chien causées par des maladies
Maladies osseuses et articulaires
Comme les humains, les chiens sont sujets à des maladies articulaires et osseuses qui peuvent se manifester par une boiterie, accompagnées ou non d’une altération de l’état général de l’animal.
La dysplasie de la hanche et du coude : cette affection, majoritairement génétique, se développe chez les chiens en croissance et se manifeste par une laxité exacerbée de l’articulation.
Le mouvement de l’articulation atteinte devient anormal et entraine une usure précoce du cartilage, l’apparition de tissus fibreux autour de l’articulation et la formation d’arthrose.
Les animaux prédisposés à la dysplasie de la hanche sont les Labradors, les Bergers Allemands, les Golden Retrievers et presque tous les gros chiens (Mastiff, Cane Corso, Terre-Neuve, etc.)
L’ostéochondrose de l’épaule, du jarret ou des genoux est une anomalie du développement du cartilage du jeune chien, qui provoque l’épaississement et, parfois, une fracture de celui-ci.
Le diagnostic se fait généralement vers 4 à 10 mois, et le pronostic est plutôt bon, surtout pour une ostéochondrose de l’épaule – la plus courante.
Le traitement de cette pathologie nécessite généralement une opération chirurgicale bénigne, mais qui peut cependant s’avérer très onéreuse.
Le cancer des os consiste en une dégénérescence des cellules osseuses de votre chien qui muent en tumeurs.
Le cancer des os le plus courant chez le chien est l’ostéosarcome, une tumeur osseuse maligne qui touche davantage les chiens de grandes tailles.
Le pronostic est sombre, mais surtout parce que l’immense majorité des cancers des os chez le chien sont diagnostiqués trop tard : les animaux décèdent alors souvent des complications de leurs cancers.
L’arthrose primitive est une forme d’arthrose « naturelle », due à l’usure des articulations et non à une anomalie génétique.
Elle touche principalement les vieux chiens, mais peut aussi se développer précocement chez les chiens ayant fourni des efforts physiques intenses tout au long de leur vie ou chez les animaux obèses.
Il n’y a pas de remèdes contre l’arthrose, qui n’est pas une maladie létale, mais peut être extrêmement douloureuse en fonction de son stade d’évolution, et même empêcher complètement votre chien d’effectuer certains mouvements.
Heureusement, il est possible de soulager la douleur à l’aide de médicaments ou d’accessoires (bouillotte, tapis chauffant, etc.) adaptés au stade de la maladie.
L’arthrite inflammatoire, que l’on confond souvent avec l’arthrose, est une affection des cartilages qui
provoque une usure précoce des articulations.
À l’inverse de l’arthrose, l’arthrite inflammatoire est une maladie chronique, qui peut être traitée par des infiltrations, mais ne disparaît presque jamais définitivement.
La panostéite est une maladie d’origine inconnue qui touche surtout les chiens en pleine croissance et de grande taille, mais peut survenir chez tous les spécimens.
Il s’agit d’une atteinte de la moelle épinière des os longs, qui provoque une vive douleur et un abattement chez l’animal.
Le seul traitement vise à contrôler la douleur, mais heureusement la panostéite est une maladie autolimitante, qui disparaît comme elle est venue sans laisser de séquelles. (1)
L’ostéodystrophie hypertrophique, ou ostéopathie métaphysaire, est une autre maladie à l’origine encore indéterminée, qui touche les os longs des chiens de grande taille et en pleine croissance.
Cette pathologie offre un bon pronostic sous sa forme bénigne, mais peut laisser des déformations osseuses irréversibles sous sa forme sévère.
Le seul traitement pour cette maladie est palliatif et vise à réduire la douleur de votre compagnon, quoiqu’un régime alimentaire sain puisse aussi jouer le rôle de traitement préventif.
Autres maladies et affections pouvant causer une boiterie chez le chien
La luxation de la rotule peut résulter d’un traumatisme, mais est le plus souvent une anomalie génétique qui concerne les races de petite taille.
L’os de la rotule se déplace alors hors de son logement, parfois occasionnellement ou systématiquement.
Le pronostic dépend de la gravité de la luxation, et le traitement est habituellement chirurgical avec un risque de récidive dans les cas les plus sévères.
Certaines affections neurologiques peuvent également entrainer des troubles de la motricité chez le chien qui peut alors présenter une boiterie.
Enfin, des maladies propres au pied du chien, telles que la pododermatite, peuvent causer une inflammation des griffes de votre animal et le gêner dans ses déplacements.
Que faire si mon chien boite ?
Une boiterie chez le chien ne doit jamais être négligée, car elle traduit – peu importe sa sévérité – une souffrance chez l’animal.
Commencez par examiner soigneusement votre animal pour tenter de détecter une cause visible ou palpable qui vous orienterait vers une cause potentielle.
S’il s’agit d’une simple épine dans la patte ou d’une petite plaie, ôtez le corps étranger dans sa totalité s’il vous semble facile à extraire et désinfectez la blessure avec un produit adapté aux chiens (Biseptine ou Bétadine, par exemple).
Surveillez et nettoyez ensuite quotidiennement la blessure pour vous assurer qu’elle ne s’infecte pas : rougeurs, chaleurs ou gonflements doivent vous alerter et vous conduire tout droit chez le vétérinaire.
Si l’épine, le morceau de verre ou autre corps étranger est trop profondément enfoncé dans la patte de votre chien, conduisez-le plutôt chez le vétérinaire : en triturant la plaie de votre toutou, vous risquez non seulement de lui faire mal, mais aussi d’aggraver sa blessure et de provoquer une surinfection.
Enfin, si la cause de la boiterie est articulaire, osseuse, musculaire, tendineuse, ou que vous ne parvenez pas à la déterminer, la meilleure chose à faire est de vous rendre chez un vétérinaire !
Questions fréquemment posées par les maîtres sur la boiterie du chien
Si votre chien boite, commencez par l’immobiliser et l’inspecter soigneusement pour essayer de déterminer la cause du problème.
Si vous détectez une plaie bénigne au niveau de son pied, nettoyez et désinfectez-la quotidiennement jusqu’à ce qu’elle cicatrise.
Dans les autres cas, la meilleure chose à faire est de rendre visite à un vétérinaire qui sera à même de poser un diagnostic et de prendre en charge votre toutou.
Il existe de nombreuses maladies ou blessures pouvant causer une boiterie chez le chien, et vous ne pourrez en déterminer la cause qu’en examinant attentivement votre animal ou, le plus souvent, en le conduisant chez un vétérinaire.
Si votre toutou commence à se faire vieux et traîne la patte par temps froid, vous pouvez lui offrir un tapis chauffant qui entretiendra la viscosité du liquide synovial de ses articulations et réduira les frottements.
Surveillez aussi son alimentation : les chiens en surpoids souffrent davantage lorsqu’ils sont atteints d’arthrose.
Si la douleur est trop forte et que votre toutou peine à se déplacer, l’idéal est de consulter un vétérinaire qui lui prescrira un traitement antalgique.
Les boiteries peuvent être les symptômes de différents troubles, parfois mineurs, mais parfois aussi extrêmement sévères.
Si vous ne parvenez pas à détecter la cause de la boiterie de votre chien après avoir inspecté ses membres, ou que vous décelez une blessure grave (fracture, luxation, etc.), je vous recommande de présenter sans attendre votre chien à un vétérinaire.
Celui-ci pourra poser un diagnostic et vous informer sur la gravité de la boiterie ou de la pathologie qui se cache derrière la boiterie de votre toutou.
La boiterie chez le chien est une cause visible d’un problème qui peut être léger comme majeur, elle ne doit donc jamais être ignorée ou prise à la légère.
Si rechercher par vous-même les causes d’une boiterie chez votre compagnon à quatre pattes peut être un bon début pour l’aider, la meilleure chose à faire reste bien souvent de le confier à un professionnel de la santé canine.